Description
L’histoire de Seyni Awa CAMARA :
Seyni Awa CAMARA aurait disparu dans la forêt avec ses jumeaux jusqu’à ce qu’on cesse de les chercher, s’en remettant à Dieu.
La mère de Seyni Awa CAMARA aurait enfanté des triplés. Les enfants seraient finalement revenus au village au bout de quatre mois, une poterie entre les mains…
Chez les Diolas de Casamance les naissances gémellaires appartiennent au monde animal et sont considérées avec aversion.
La coutume veut qu’on rejette au moins un jumeau pour retrouver l’harmonie avec la nature Une version plus prosaïque de l’histoire retient que Seyni Awa CAMARA aurait appris la poterie en imitant les gestes de sa mère « à l’âge de 12 ans » et que Seyni ait fabriqué en cachette des statuettes avant de les glisser dans l’aire de cuisson, à l’insu des potières, lesquelles auraient pris la fuite en découvrant ces figurines « habitées par un génie ».
Mariée trop jeune, à 15 ans, Seyni Camara aurait vécu quatre maternités douloureuses, et sa santé fragile lui a valu d’être renvoyée au domicile familial. Celui qui l’a soignée et est devenu son nouveau mari, Samba Diallo (décédé en 2004), l’a laissée renouer avec la pratique familiale de la poterie, jouant le rôle de médiateur avec les visiteurs, comblant les silences de l’artiste.
La mise au monde d’un enfant vivant est pour une femme le seul moyen d’accéder à un véritable statut social.
Il est reconnu à Seyni Camara une sorte de défi aux interdits ancestraux, et son histoire la place dans une fausse marginalité
Les statuettes de Seyni Camara ne sont que grossesses cumulées, sous toutes leurs formes. La poterie est chez elle thérapie et exutoire.
Et Seyni est incapable de transmettre :
« Elle ne peut pas, c’est trop profond, trop ancré, c’est un don » , commente Fatou Kandé Senghor.
« Elle ne peut pas car c’est un pouvoir féminin – elle modèle des corps de femmes, des grossesses –, et la poterie est traditionnellement réservée aux femmes » , ajoute Massamba Mbaye.
Elle changerait de modèle fréquemment et ne déciderait de façonner un modèle de statuette que la veille. Les rares personnes qui auraient tenté de travailler avec elle, auraient vite renoncé. Elle se détourne en la matière des usages dans les régions rurales et touristiques telles que la Casamance, fondés sur la transmission.
Ce que j’aime bien Seyni, c’est sa capacité de se dérober involontairement peut-être au monde de l’art contemporain bien trop éloigné pour elle.
Ce qui l’anime est seulement un principe de charité, une expérience qui se partage avec ses proches, expérience vécue qui fait qu’on partage une même humanité, une même communauté d’esprits.
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